Pesinet

À 70%, cette mortalité provient de maladies faciles à détecter et à soigner (gastroentérite, rougeole, infections). Le problème réside seulement dans la détection de ces maladies, souvent trop tardive, et dans la mise à disposition des traitements.

Il faut donc apporter la médecine chez l’enfant, et ne pas attendre le contraire.

Pesinet propose un service de suivi hebdomadaire de la santé des jeunes enfants.

Le prix du service est de 500 francs CFA (0,75€) mensuels par enfant, soit l’équivalent au Mali d’un paquet de cigarettes ou de 50cl de Coca Cola.

Ce montant comprend une visite hebdomadaire d’un agent de santé, la gratuité des consultations médicales, et la possibilité d’acheter les médicaments à prix coûtant (ce qui représente une réduction de 50% sur le prix de vente public).

 

Des agents de pesée passent dans les familles peser les

enfants. Les nourrissons de moins d’un an sont pesés deux fois par semaine, les bébés entre 1 et 5 ans sont pesés une fois par semaine.

Au cours de chaque pesée, le poids de l’enfant ainsi que 4 critères complémentaires simples (toux, diarrhée, fièvre, vomissement) sont recueillis, puis transmis au centre médical grâce à une application simple sur téléphone portable.

Tous les jours à heure fixe, un médecin consulte, sur un ordinateur ayant accès à Internet, les données de pesée transmises par les agents de pesée. Une application restitue les données de la base sous forme graphique et effectue un prétraitement des cas à risque, ceux pour lesquels on observe une baisse de poids, ou un signe clinique à risque (fièvre, vomissement etc.). Si le médecin voit qu’un enfant présente des symptômes inquiétants, il le convoque.

Après avoir consulté les données de pesée du jour, le médecin reçoit en consultation les enfants convoqués la veille. Les médicaments de première nécessité, correspondant aux pathologies les plus courantes, sont fournis par le médecin à l’issu de la consultation.

Grâce à l’application, le médecin peut aussi planifier les consultations de suivi lorsque cela s’avère nécessaire.

Lancé initialement en 2002 au Sénégal par Afrique Initiatives (fonds d’investissement basé à Paris), Pesinet proposait à l’époque un service similaire, mais avec un abonnement de seulement 100 francs CFA (l’équivalent d’une baguette de pain), ce qui ne permettait pas de rentabiliser le système.

Au bout de 18 mois, le financement d’Afrique Initiatives est arrivé à son terme, et le projet s’est arrêté net, faute d’être viable.

Ce n’est que plus tard, qu’Antoine Declerck, Pierre Carpentier et Anne Ross-Weil décident de relancer Pesinet, cette fois à Bamako, avec quelques améliorations.

Une nouvelle application permettant aux agents de pesée de transmettre les informations par téléphone, permettant au médecin de récupérer ces informations dans un logiciel de suivi, et de transmettre aux agents de pesée des bons de consultation au besoin a été mise en place. Elle a été développée en France sur la base de spécifications réalisées dans le cadre d’un cours qui réunit des étudiants de Centrale Paris et de l’ESSEC pour créer des produits innovants.

Pesinet s’organise sous forme de ‘programmes’. Chaque programme est une unité standard de Pesinet, composée d’un médecin et d’agents de santé, opérant dans une zone géographique donnée.

Chaque programme est relié à un CESCOM (Centre de santé

communautaire). Au Mali, les CESCOM quadrillent le territoire : il y en a un par quartier dans les grandes villes, et un par ‘cercle’ (zone rurale à la périphérie des villes moyennes). Les agents de pesée sont en général des jeunes filles gravitant autour des CESCOM, recrutées pour leur sérieux.

Pesinet cherche à lever des dons pour financer les coûts d’implantation des programmes, et ensuite à faire en sorte que chacun soit autofinancé. Pour atteindre l’autofinancement en facturant le service 500 francs CFA par enfant et par mois, il faut 1.000 enfants abonnés, un chiffre très réaliste.

La principale difficulté est de faire passer dans les mentalités l’idée de payer chaque mois, même si l’enfant n’est pas malade, ce que les mères de famille ne comprennent pas spontanément. Pour lever cet obstacle, Pesinet offre lors de la première cotisation une consultation médicale gratuite, afin de matérialiser son offre.

L’ambition d’Antoine Declerck est de lancer 50 programmes au Mali, et de déployer la formule dans les pays voisins : Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, etc.

Mais tous les espoirs sont maintenant permis, car Anne Roos-Weil, membre de l’aventure depuis le début, a quitté son travail à sa sortie de l’ESSEC pour passer à plein temps sur la recherche de fonds.

Ministère de la santé du Mali.