Du 5 au 17 avril 2009
L’Equateur, pays traversé au nord de sa capitale Quito par la célèbre ligne équinoxiale du même nom, pays à la situation économique difficile, et à l’histoire politique mouvementée depuis son indépendance en 1822, annonce sur notre itinéraire un radical changement de climat.

En venant du Pérou, le contraste est saisissant : le désert fait place à des vallons de palmiers, de rizières, et bientôt de jungle, puis en prenant la route des montagnes, vers la capitale Quito, certaine versants rappellent étrangement la Suisse, alpages en pente douce, champs, vaches, petits chalets… La chaleur devient humide.

Nous arrivons à Cuenca après avoir éprouvé notre voiture sur une mauvaise route de montagne dans le brouillard. Cuenca est une ville de la Sierra, nom de la région des hauts plateaux de l’Equateur. Nous restons trois nuits dans la ville pour travailler à notre site et à la suite de notre voyage.

À notre arrivée dans la ville, il se met à tomber des cordes, alors que nous n’avons pas vu de pluie depuis l’Argentine, et au même instant, notre autoradio lance ‘Un petit coin de parapluie’ de Brassens, avec les premières paroles : ‘Il pleuvait fort, sur la grand route…’. Fou rire dans la voiture.
Toute proche de Tomebamba, seconde capitale de l’Empire Inca, la ville de Cuenca a été fondée en 1557 par les espagnols, et a été classée en 1999 au patrimoine culturel mondial par l’UNESCO. Il faut dire que le centre historique a du cachet, et cette sérénité que des siècles d’histoire donnent aux murs.

Après Cuenca, nous continuons sur la Panamericana Norte, pour atteindre Banos, un peu au sud de Quito. Nous cherchons dans la ville un hôtel qui nous laisserait dormir sur son parking, et atterrissons dans un petit hôtel tenu par un français, qui ne nous demande rien en échange ; et nous donne même accès à une salle de bain. Dieu bénisse ce type de patriotisme !
Nous nous sentons alors obligés de dîner dans son restaurant, d’une baguette et d’une terrine de foie de volaille… Politesse oblige !
L’objectif de notre venue à Banos est de trouver un bon guide local, et moins cher que si nous étions passés par des agences online, pour nous emmener au sommet du Cotopaxi, troisième plus haut volcan en activité au monde, qui surplombe la capitale à 5.897m d’altitude.
Une expédition qu’il convient de préparer sérieusement, car l’ascension, si elle ne prend que sept heures à un bon marcheur, se fait de nuit, en crampons et en cordée, avec un piolet pour prévenir d’une éventuelle chute. Le volcan est en effet enveloppé d’un glacier plutôt raide, et toute chute peut entrainer le marcheur très bas…

Nous partons finalement avec deux guides pour nous trois, qui nous fournissent tout le matériel nécessaire. D’abord, nous atteignons le refuge, à 40 minutes de marche au dessous du glacier.

Au refuge, nous dînons, faisons sécher nos affaires (nous sommes montés sous la pluie), et attendons une heure du matin, en nous nourrissant beaucoup.
À 19h, chance inouïe, le ciel se découvre, laissant apparaître le sommet éclairé par la pleine lune.

Nous avons beaucoup de chance, les nuages bouderont le Cotopaxi jusqu’au lendemain matin. C’est donc sous la pleine lune, qui rend l’usage de nos lampes frontales presque inutile, que nous chaussons nos crampons, et commençons très doucement l’ascension. Superbe nuit sur le glacier.


Pour finir, seul Gregory atteindra le sommet, en cordée avec le premier guide. À 5.600 mètres, je suis pris d’un horrible mal de l’altitude qui force Ludovic à redescendre, car nous sommes en cordée avec le deuxième guide. Nous prenons alors notre temps pour retourner au refuge, profitant du soleil qui s’apprête à se lever sur une mer de nuages, nous découvrant seulement quelques sommets aux alentours, et Quito endormie en contrebas.


Nous retrouverons Greg quelques heures plus tard, arrivé le premier de toute la colonne de marcheurs au bord du cratère, littéralement ivre d’altitude, content d’être venu à bout de l’épreuve physique la plus difficile qu’il ait jamais faite…


Après cette nuit blanche sur la glace, nous retournons à Banos pour y faire une bonne nuit avant de prendre la route pour Quito, où nous sommes attendus chez des amis d’amis : la famille Pinto, et où nous avons rendez-vous chez Volkswagen pour faire une réparation sur nos suspensions, avec des pièces que nous avons fait livrer l’Allemagne à Quito, ainsi que la vidange des premiers 10.000km !

En chemin, nous prenons deux jeunes Equatoriens en auto-stop, qui rentrent de week-end (c’est la semaine sainte, et en Equateur, tout le monde la fête). Très gentils, étudiants en architecture, ils nous entretiennent sur leur pays pendant les 5 heures de route, et à notre arrivée à Quito, de nuit et sous la pluie, nous font gagner un temps précieux en nous guidant jusqu’à la maison des Pinto, où nous sommes reçus comme des princes, et où nous resterons finalement cinq jours pour travailler, nous occuper du van, et préparer la route colombienne qui fait tant trembler nos proches.
À Quito le premier enjeu est de retirer le coli Fedex avec les pièces de notre voiture, qui est bloqué en douane… Sur ce point comme sur beaucoup d’autres, Maria José Pinto, qui avec sa sœur dirige l’entreprise familiale de textile (Pinto en Equateur, c’est un peu l’équivalent de Gap en France), nous aide à dédouaner ‘’rapidement’’ les pièces. Pendant que la voiture est au garage, nous travaillons à notre site, allons rencontrer un organisme de micro-crédit (Fudece), visitons l’usine textile Pinto, ainsi que des magasins…
Et puis bientôt il nous faut partir… Le bateau qui doit emmener le van de Carthagène au Costa Rica approche, et il y a toute la Colombie à remonter.
Le vendredi 17 avril, émus, nous quittons Maria José, à qui nous devons tant, prenons la route vers le nord, doublons l’équateur, et arrivons rapidement à la frontière Colombienne.
PL.
Pierre-Louis Corteel, Grégory Flipo, Ludovic Rouvier – Latitude Responsable