Du 14 au 30 novembre 2008



Depuis, le Bangladesh, immense plaine constituée par le delta du Gange et du Brahmapoutre, et dont le territoire est inondé parfois à 60% pendant la mousson, concentre beaucoup des maux qui peuvent toucher un pays : surpopulation, extrême pauvreté, corruption, catastrophes naturelles chroniques, guerres, place réduite réservée aux femmes…
Un petit mot sur la densité de population de ce pays : elle dépasse 1000 habitants au km2. Pour comparaison, il faut imaginer une France avec 600 millions d’habitants…
Des nuages de maux semblent donc s’amonceler au dessus de ce pays, et pourtant des rayons de soleil les percent ça et là, annonciateurs d’un futur meilleur.
Parmi eux, le ‘social business’, popularisé par le Pr. Yunus, président du groupe Grameen, et prix Nobel de la Paix en 2006.
La notion de social business, très répandue au Bangladesh, désigne une forme d’entreprise vouée à répondre aux besoins des populations les plus démunies. Rentable et donc durable, une entreprise de social business réinjecte la totalité de ses profits dans l’entreprise (les actionnaires ne récupèrent à terme que leur mise de départ), afin de maximiser son impact social dans sa zone d’implantation. Cela permet de maximiser l’emploi local (approvisionnement, production et vente), la formation et le transfert de compétence, l’accessibilité du produit ou du service aux plus nécessiteux.
C’est là l’objet de notre venue au Bangladesh : l’étude du désormais célèbre projet Grameen Danone, porté par le fonds d’investissement danone.communities (fonds dédié au financement de social business, et qui servira de support au cas pédagogique que nous allons construire).
D’abord, à Dhaka, nous rencontrons Yoann, un français de 24 ans qui est au Bangladesh afin de repérer des opportunités de création de social business, et de mettre en relation des industriels et des banques de microfinance afin de lancer les projets retenus, à travers l’association ICMSE, créée par Mostaq Ahmmed, Directeur adjoint d’ASA, une des plus grande banques de microfinance du monde.
Le 18 novembre, nous retrouvons à l’aéroport de Dhaka Isabelle Sultan, project manager pour Danone Communities, et partons avec elle pour Bogra, à 150 km au Nord de Dhaka, dans une excellente voiture, cette fois-ci!
Nous restons à Bogra 13 jours, pour y étudier de fond en comble le projet Grameen Danone, projet de social business né en 2005 après une rencontre entre Franck Riboud, PDG de Danone, avec le Pr. Yunus.
Pendant ces deux semaines à Bogra, nous passons beaucoup de temps avec Gwenaël, Léonard, Brice et Rémi, les français qui travaillent sur place. La journée nous les accompagnons sur le terrain, auprès des Grameen Ladies, des fermiers producteurs de lait, des coopératives laitières, des magasins distributeurs… Nous les assommons de questions afin de décortiquer l’historique du projet, les procédures internes… Nous passons aussi de très agréables soirées avec eux, occasion d’échanger sur leur vie ici, leur conception du ‘social business’, et aussi, nous l’espérons, de nous en faire des amis. Il leur a fallu s’adapter à la vie Bangali, et à la façon de travailler des Bangladeshis. À leurs anecdotes, nous comprenons l’importance que prend le choc des cultures, et la difficulté de concilier dans un même projet des façons de travailler totalement différentes. Allez demander à un Bangladeshi qui ne parle pas anglais de faire son reporting de vente sur Microsoft Excel…! Il faut donc s’adapter!
La deuxième semaine, nous sommes rejoints par Emmanuel Marchant, Directeur Délégué de Danone, en charge du projet Danone Communities, par Olivier Maurel, en charge d’animer la communauté d’internautes, de sympathisants ou d’investisseurs qui se forme autour de ce projet, et par Cécile Renouard, Professeur à l’École des Mines de Paris, et chercheur à l’ESSEC, qui vient pour travailler avec nous à la construction de notre cas pédagogique.
Les équipes de Danone Communities nous révèlent tous les tenants et aboutissants de ce projet, leurs réflexions, les difficultés qu’ils rencontrent, en totale transparence. Nous participons à des réunions avec les équipes de vente, nous dînons avec les équipes dirigeantes, essentiellement Bangali, nous visitons Bogra avec des employés, pendant leur jour de repos. Avec Cécile, nous allons avec des interprètes dans les villages, pour poser des questions aux consommateurs, ainsi qu’aux ‘Grameen Ladies’, ces femmes qui vendent le yogourt dans les zones rurales.
Nous rencontrons également M. Sultan, Directeur de Grameen Health Care qui vient apporter des précisions suite à notre visite de l’hôpital Grameen Eye Care de Bogra. Ce centre, rentable en 2 ans, permet aux plus démunis de se faire opérer de la cataracte pour 10 euros, et pour 1,5 euros, de bénéficier de trois visites ophtalmologiques et d’une paire de lunettes.
Ces deux semaines passent très vite, et il nous faut déjà repartir…
Nous repartons à Dhaka, où nous passerons deux nuits, le temps d’interviewer Mr Nabi, directeur de Grameen Danone, au siège de la Grameen Bank, et de passer encore une soirée avec Yoann.
Nous laissons à Bogra Brice et Rémi, qui vont rester encore 10 mois pour accompagner la mise en place du projet Grameen Danone. Nous leur souhaitons bon courage et beaucoup de réussite, persuadés que l’année qui arrive sera un bon cru pour Grameen Danone.
Le 1er décembre, nous prenons un bus qui nous emmène de Dhaka à Calcutta, avec deux obstacles majeurs à franchir sur le parcours : le delta du Gange sur un bac (facile), et la frontière avec l’Inde (moins facile…).
Nous restons deux nuits en transit à Calcutta, avant de filer vers le sud, à Chennai et Bangalore, où d’autres rendez-vous nous attendent…