Nicaragua, Mai 2009
Des filtres à eau en céramique, tous simples, construits dans des usines autonomes et autofinancées par la vente. Dejà plusieurs millions de filtres diffusés dans le monde !
Contexte
2,4 milliards d’hommes n’ont pas accès à l’eau potable. Chaque année 1,7 millions de personnes meurent de diarrhée contractée suite la consommation d’eau non potable, principalement les enfants de moins de 5 ans. Un chiffre tout aussi frappant, 5.000 enfants meurent chaque jour faute d’accès à une eau potable.
Un des ‘objectifs du millenium’ est de diviser par deux d’ici 2015 le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable. Cela supposerait 125.000 nouveaux bénéficiaires chaque jour.
La mission de Potters for Peace est de répondre durablement à cet objectif auprès des communautés rurales et marginalisées tout en créant des emplois localement.
Comment ? En apprenant à ceux qui en ont le plus besoin à fabriquer des pots filtrant en céramique à bas coût.
L’invention
Le filtre, appelé ceramic water purifier (CWP), permet d’obtenir une eau pure à 99,9%. Il permet de filtrer entre 1,5 et 2,5 litres par heure. Il est vendu entre 20 et 90$, selon la taille, etc.
La naissance de Potters for Peace
Pour la petite histoire, après le cyclone Mitch en 1998, le Nicaragua fut ravagé et 75% de la population s’est retrouvé sans accès à l’eau potable. La première usine de filtres fut installée près de la capitale Managua et 40 000 filtres furent produits destinés aux ONG telles que la Croix Rouge ou Médecins sans Frontière.
Le filtre a été inventé par le Dr. Fernando Mazariegos au Guatemala en 1981. L’idée de départ était de transformer de l’eau pleine de bactéries en eau potable à destination des personnes les plus démunies en concevant un filtre à bas coût qui pourrait être fabriqué par les population locales. L’invention s’avéra bien plus convaincante que celle utilisée jusqu’à présent. En effet, les populations avaient l’habitude de récupérer l’eau de pluie, de faire bouillir de l’eau mais ils ne la laissaient pas suffisamment longtemps sous la flamme pour tuer l’ensemble des bactéries et être potable, quant aux tablettes de Chlorine, elles représentaient une solution créant de nouveaux problèmes (coût, etc.)
Des tests conclurent que le filtre en céramique de Mazariegos réduisait de 50% les problèmes de diarrhée dans les foyers pilotes.
Le modèle de Potters for peace (PFP)
Potters for Peace offre une assistance à quiconque souhaite améliorer la qualité de vie des personnes les plus démunies, en offrant tout les outils nécessaires à la construction d’usines fabricant des filtres à eau en terre
cuite.
Reprenant la fameuse citation « Ne donne pas un poisson à celui qui a faim mais apprend lui à pécher », PFP ne produit pas les filtres, elle
apprend à les produire.
Potters for Peace ne possède pas, et ne gère pas les centre de production.
Leur mission est de fournir toutes les informations nécessaires à la mise en place, à la gestion d’une unité de production de pots filtrants ainsi qu’à leur commercialisation. PFP fournit donc une sorte de ‘bible’ ou de guide à quiconque souhaiterait installer une usine quelque part. En plus de ce ‘tool-kit’, PFP fournit son expertise et une aide terrain.
Le modèle PFP se base sur le transfert de technologie afin de créer des « franchises
sociales ». Cette franchise sociale doit servir le bien commun (le propriétaire, les salariés et les consommateurs) tout en s’autosuffisant. La franchise sociale peut être gérée de façon privée, publique, par une entreprise ou une ONG.
Les usines fabriquent des filtres à eau en céramique extrêmement efficaces et à moindres coûts. Elles ont l’avantage d’être amorties en moins de deux ans.
Aucune compétence particulière n’est requise et l’installation est possible dans la quasi-totalité des pays.
Les équipes de PFP prêtent main forte pour évaluer la faisabilité et la durabilité du projet. L’aide terrain provient de volontaires formés au siège de PFP ou de consultants.
L’implantation dans les pays en guerre reste malheureusement extrêmement difficile. Et par ailleurs, on constate aussi une meilleure gestion quand l’entreprise est tenue par des acteurs privés que par des associations PFP se finance à 45% grâce à la vente de poteries, 20% proviennent de donations, 20% de prêts octroyés par des institutions financières et enfin 15% de frais de consultation.
Ainsi près de la moitié des fonds PFP proviennent directement des usines qu’ils ont aidé à installer.
Réalisations
A ce jour, Potter for Peace a participé à la mise en place et au développement de 30 projets dans 27 pays, dont seulement 3 connaissent des difficultés. Nicaragua, Guatemala, Cambodge, Cuba, El Salvador, Ghana, Honduras, Indonésie, Mexique, Soudan, Kenya, Yémen, Bangladesh, Bénin, Nigeria, Tanzanie, Pérou et d’autres pays…
Au Cambodge par exemple, indirectement ce sont plus de 500 000 cambodgiens qui boivent de l’eau potable grâce à cette initiative.
L’originalité :
Ce qu’il y a d’original, c’est que le secret de PFP est disponible en Open source, librement sur internet. Ainsi, avec tous les outils mis à disposition en ligne, n’importe qui
peut entreprendre la création d’une micro usine de filtres à eau.
Avec un investissement minimal de 15 000 $, une usine peut voir le jour, embauchant 3 personnes à temps plein, fabricant 150 filtres par jour.
Les frais de structure sont amortis dès la deuxième année. A tel point que certaines ONG se servent des bénéfices de l’usine pour investir dans d’autre projets ou financer d’autres opérations qui ne permettent pas de s’auto suffire.