Nous arrivons de nuit à Antigua, qui fait partie de ces quelques villes coloniales d’Amérique qui ont conservé un charme authentique. Nous trouvons un hôtel qui accepte que nous dormions sur son parking.
Le lendemain, après une rapide ballade dans la ville, nous partons pour Panajachel, au bord du lac Atitlan.
Nous prévoyons quatre jours de travail dans un hôtel magique au bord du lac, accessible seulement par bateau. Nous prenons trois lits dans le dortoir, dans lequel nous nous retrouvons en fait seuls, donc nous avons la plus grande chambre de l’hôtel !
Le lac, considéré comme un des plus beaux du monde, est bordé par trois volcans et de nombreuses montages. Quelques villages se retiennent à leurs flancs pour ne pas tomber dans l’eau.
Le Guatemala est un des pays d’Amérique Centrale qui est resté très authentique. Son nom en nahuatl (langue d’un groupe ethnique dont les Aztèques faisaient partie) signifie ‘endroit avec beaucoup d’arbres’. La monnaies, le quetzal, fait référence à ce superbe oiseau bleu que l’on aperçoit de temps en temps, et dont les longues plumes de la queue faisaient partie des objets de luxe des mayas.
De la civilisation Maya, apparue 1000 ans avant l’ère chrétienne, il reste des dialecte et une culture forte, l’habit traditionnel encore très porté par les femmes (les hommes privilégient en général des articles textiles vus sur MTV et importés des USA, comme dans beaucoup de pays que nous avons traversés), et des sites archéologiques époustouflants tels que celui de Tikal, encore en pleine jungle, et que malheureusement nous n’aurons pas le temps d’aller voir.
Inquisition espagnole, rites maya, et marché.
L’influence espagnole se retrouve bien entendu dans la langue officielle, et dans l’architecture des villes. Nous nous arrêtons à Chichicastenango, village perché sur une crête, connue pour avoir conservé une forte culture maya, et pour son marché, qui jadis fut une des places commerciales les plus importantes de la région maya.. Nous y trouvons ce que nous cherchions : une population farouche et en habit, et des scènes de vie qui deviennent rares.
L’église Saint Thomas vaut aussi le coup d’œil, datant d’il y a 400 ans, donc d’une époque où l’église devait faire très peur en Amérique Latine (Il y a précisément 400 ans, en 1609, était créé le tribunal d’inquisition de Cartagena de Indias (Carthagène), en Colombie…)
Les marches de l’église menaient autrefois à un temple maya, et sont encore vénérée par la population, qui place des offrandes et de l’encens à leur pied. 18 marches, autant que le calendrier maya compte de mois, et on entre dans une nef très sombre, oppressante, inquiétante comme la toque de Torquemada (Premier Grand Inquisiteur d’Espagne au XVème siècle, sic), où l’on se sent mal à l’aise. Des traces sombres sur le perron… du feu ? du sang ? Nous trouverons l’explication plus tard sur Wikipedia : ‘’Des chamans utilisent encore l’église pour leurs rituels, dans un syncrétisme des rites mayas et du catholicisme romain, en y allumant des bougies et de l’encens et en faisant parfois des sacrifices d’animaux. Une des manifestations les plus importantes de ce syncrétisme est la procession du Vendredi saint, pendant laquelle sont représentés, sous les noms de saints chrétiens, les principales figures de la mythologie maya.’’
Incendie dans la voiture…
Le lendemain, sur la route qui devait nous emmener directement au Mexique, nous sommes forcés de nous arrêter parce que le van dégage une fumée anormale et très odorante… Nous nous précipitons de vider le coffre pour soulever le capot du moteur en dessous, et découvrons notre moteur en flammes !! Dieu merci, nous avons un extincteur dans la voiture, et même si nous devons terminer de maîtriser le feu avec notre douche, il sauve la voiture de l’incendie total…

Nous voilà donc au bord d’une route guatémaltèque, avec des parties du moteur brûlées (filtre à diesel, tous les câbles électriques, réservoir de liquide hydraulique, …), et évidemment il est hors de question de redémarrer comme ça.

Nous nous regardons, éclatons de rire, et comme à chaque fois qu’une tuile de ce genre nous arrive, commençons par allumer une cigarette (oui oui on sait c’est pas bien), sans rien dire. En général, il se passe toujours quelque chose avant que nous ne la finissions, ou au pire l’un d’entre nous a une bonne idée. Cela permet aussi à chacun de reprendre ses esprits.
Cette fois-ci encore, cela se vérifie. Deux minutes plus tard, une voiture de police passe à côté de notre van, encore fumant au bord de la route et éventré de bagages, et s’arrête. Les deux agents, armés jusque aux dents, restent avec nous pour nous protéger des pilleurs qui attaquent fréquemment cette route (merci messieurs !), et appellent une dépanneuse. Et en attendant la dépanneuse, un joli van jaune, Volkswagen lui aussi, s’arrête. Nous faisons la connaissance de Noam, un israélien dégouté par ses trois années de service militaire, qui voyage pour répandre autour de lui sa joie de vivre, et qui passera les deux jours suivants avec nous !

Sans grande conviction, nous demandons aux dépanneurs de nous amener à Quetzaltenango, auprès du meilleur garagiste qu’ils connaissent. En chemin, nous commençons déjà à faire des plans dans nos têtes pour poursuivre la route sans le van, et envisager toutes les solutions possibles pour ne pas avoir à l’abandonner ici…

Nous arrivons dans un tout petit garage familial, dont le dépanneur nous assure qu’il est le meilleur de la ville… Et la tête que celui-ci fait alors qu’il découvre l’état du moteur ne nous rassure pas beaucoup !
Toujours est-il que, là où un garagiste français nous aurait envoyé vers la première casse venue, notre magicien de Quetzaltenango nous fait redémarrer la voiture en moins de 24 heures…
Nous n’en revenons pas !!
Du coup, le lendemain de notre horrible incendie, nous nous passons sous un panneau de circulation qui nous rend très fiers du chemin parcouru, qui dit :
‘Bienvenidos à Mexico’