

Le haut plateau de l’Altiplano, au sud de la Bolivie, est le plateau le plus élevé du monde après le Tibet. Région quasiment désertique d’une altitude moyenne de 3800 mètres, il englobe 10% du pays et 70% de la population s’y concentre, dont un tiers de la population urbaine.

La deuxième tentative sera la bonne. Quelques heures plus tard, nous reprenons la route, qui longe un canyon sur 2600 m de dénivelé, et ne déplorons pas la moindre surchauffe. C´est là que l´on débouche sur l´Altipano : un immense plateau entouré de sommets culminant à plus de 6000m, et formé presque exclusivement de désert de sable, de roche, de toutes les couleurs… Cette route est la seule qui permet de rejoindre le Chili par le nord de l´Argentine… Nous ne sommes donc pas seuls, mais tout de même, quel sentiment…
Une fois la douane chilienne passée, nous filons trouver un camping, dans lequel nous rencontrons deux suisses qui voyagent dans la même voiture que nous! On sympathise, et on décide de faire route ensemble le lendemain.



Nous ne nous attardons pas, car avant la laguna colorada où nous avons prévu de passer la nuit, il reste 200km de pistes (5h sans jamais faire fausse route). Et nous devons aussi aller faire tamponner le carnet de passage en douane de la voiture dans un autre poste de douane, qui sert aussi de poste de surveillance d´une usine chimique perchée à 5020 m d´altitude, un record pour tout le monde et surtout pour la voiture! Nous y surprenons un douanier en plein ‘tchat’ sur internet… Internet, à 5020m d’altitude, dans le désert de l’Altipano !

Nous arrivons á Uyuni á 18h, pour la fin du marché dominical, seule animation de cette ville minière qui n´est que le fantôme d´elle même, avec ses rues désertes, ses bâtiments de briques de terre, et ses quelques âmes qui errent dans les rues, ces femmes boliviennes en chapeau, doublement tressées derrière la tête, enveloppées dans des gilets et châles d´alpaga, le dos vouté à force de supporter le climat et la charge de leur Aguayo, ce tissus traditionnel qui sert à porter sur son dos aussi bien les enfants que les courses. Derniers vestiges d´une époque qu´MTV et le tourisme de masse seront bientôt le cortège funeste.

20km plus loin, nous arrêtons arbitrairement la voiture, regardons le soleil nous quitter discrètement, remplissant le Salar de ses derniers rayons violets et oranges.

Le Salar est le vestige d’un lac d’eau de mer asseché et situé à 3.700m d’altitude. Plus vaste désert de sel du monde avec sa superficie de 12.500 km2 (un peu plus que toute l’Ile de France), et ses quelques 10 milliards de tonnes estimées de gisement de sel, le salar contient surtout 1/3 des réserves de lithium exploitables de la planète, solide à l’immense potentiel électrochimique, qui est utilisé de plus en plus dans la construction des batteries de nos appareils électroniques. Inutile de dire que l’enjeu est grand pour la Bolivie qui a autorisé en mars 2008 la création sur le Salar d’une usine d’extraction. Enjeu pour la Bolivie, et également pour la France, qui fait partie des pays ayant les compétences pour extraire ce lithium.


Potosi
En repartant d’Uyuni, nous prenons une route impossible pour Potosi, une des villes les plus hautes du monde, située à 4070m au pied du Cerro Rico, montagne de minerai d’argent qui domine la ville, et qui fera la richesse des conquistadores espagnols pendant près de 60 ans, à partir de 1545.





