Siem Reap, Battangbang, Phnom Penn
La ville va alors connaître un développement touristique et immobilier si rapide qu’il n’a pas d’équivalent en Asie du Sud.


Nous pénétrons au Cambodge par voie terrestre, en prenant le bus de Bangkok jusqu’à Siem Reap.
Après avoir dépassé le poste frontière de Poï Pet, nous entrons dans un pays en pleine mutation : les routes sont en chantier, le bitume remplace la piste cabossée, les bus et les stations se développent, les motorbikes prolifèrent à la vitesse de l’éclair. Il n’y a pas si longtemps, rejoindre Siem Reap depuis la frontière thaïlandaise relevait de l’expédition.

Ce pays qui a connu l’horreur renaît doucement de ses cendres. Et comme il ne fait pas bon d’évoquer le passé, et que l’histoire proche a montré que du jour au lendemain l’avenir pouvait s’effondrer, alors résolument le Cambodge se conjugue au présent.

Merci Didier! Nous voilà tous les trois le lendemain, à passer la matinée entière avec… Denis Richer, que nous venons de présenter plus haut. Nous passons près de cinq heures à l’écouter parler du Cambodge, de la façon de vivre et de penser des khmers, de l’histoire proche du pays, qui a laissé de profondes séquelles dans toutes les familles, et bien entendu nous buvons les récits de ses merveilleux voyages. (Voir le récit de son séjour chez les Mayas d’Amazonie : Pays perdu, aux éditions Phébus).
Nous malmenons avec lui des idées reçues sur le travail des enfants, la prostitution; nous parlons de l’éducation, essentiel problème d’un pays dans lequel la génération des 15/25 ans est la plus importante en proportion, à cause du génocide d’il y a 35 ans, qui a amputé le pays de 2 millions de ses membres (20% de la population à l’époque), et qui a principalement touché l’élite…
Sentant notre intérêt pour la vie rurale, à la fin de la matinée il nous demande si nous serions intéressés pour partir quelques jours explorer la campagne avec un khmer à peine plus âgé que nous, du nom de… Dara. Il trouverait des motos (impossible pour un étranger d’en louer à Siem Reap), et nous emmènerait loin vers le nord, dans les villages, et nous servirait à la fois de guide et d’interprète.




Trois d’entre eux se joignent à nous. Ils partagent avec nous leurs seuls bagages : de larges sourires, alcool local et cigarettes sans attendre de contrepartie. En plus de tanguer en permanence, La carlingue du bateau et son pot d’échappement pétaradent sans arrêt. Dara nous dit qu’il va avoir le mal de mer puis de terre si l’on arrive à bon port.



Après Battangbang, direction Phnom Penn, la capitale du pays, en pleine mutation. Là encore, Greg, qui était déjà venu quatre ans plus tôt, ne reconnait pas la ville, tant elle s’est développée.
Nous profiterons de notre unique matinée à Phnom Penn pour aller rendre visite à une association qui fait énormément de bien au Cambodge : Pour un Sourire d’Enfant (PSE). PSE récupère les enfants vivant dans la décharge de Phnom Penn, et les scolarise dans un centre immense qui a été construit pour cela. Mais pour ne pas nuire à la structure familiale, l’association donne également du travail aux mères des enfants (quand ils en ont une), et leur apprend l’artisanat, qu’elle vend ensuite, afin de dégager un excédent de revenu à la famille pour compenser l’arrêt de travail de l’enfant.
PSE s’occupe aujourd’hui de 6.000 enfants (oui, ils viennent tous de la décharge…), et obtient les meilleurs résultats scolaires et sportifs du Cambodge. Nous ne ferons pas beaucoup de commentaires sur la décharge, où Bora (une jeune de 23 ans qui y est née, qui y a travaillé pendant des années avant d’être prise en charge par PSE, et qui maintenant parle français, anglais, espagnol et khmer) nous a emmenés malgré le fait que PSE refuse en général d’y emmener des ‘touristes’. Nous avons été très émus et marqués par cette matinée, et les images de toutes ces personnes travaillant au milieu des immondices, pour 1 éventuel dollar par jour, selon ce qu’ils y récupèrent, resteront à jamais dans nos mémoires.


