Inde – Uttar Pradesh – Octobre 2008
Freeplay est une entreprise qui créé des produits à partir d’un alternateur à manivelle produisant de l’électricité.
La gamme de Freeplay est composée d’une série de lampes, de radios, et de chargeurs de batterie, qui se remontent tous manuellement.
Freeplay est également impliquée dans le projet ‘One Laptop Per Child’, un projet d’ordinateur se remontant à la manivelle qui doit être distribué dans le monde entier afin que les enfants des pays en développement puissent bénéficier de programmes scolaires complets. Freeplay fournit pour ce projet la technologie de son alternateur.
Contexte
Electricité
2 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’électricité, soit près de 35% de la population mondiale, et utilisent des solutions d’éclairage coûteuses, dangereuses et polluantes.
En Inde, 60% de la population a un accès limité ou nul à l’électricité.
Éducation
Les technologies de communication peuvent permettre de dépasser le manque de moyens et le manque d’instituteurs dans les campagnes, et apporter l’éducation à des enfants qui en sont exclus.
Technologies de l’information et de communication
Une des principales causes de la pauvreté dans le monde est l’isolement des populations. L’isolement des villages ruraux reculés principalement, qui les prive de l’accès à beaucoup de services disponibles uniquement en ville : centres de soins, écoles, et réseaux en tous genres, notamment réseaux de communication, et donc d’information.
Historique
Freeplay a été créée en 1994 par un Sud Africain, R.Steel qui mis alors au point une technologie d’alternateur très efficace, restituant 70% de l’énergie mécanique du mouvement de charge (contre 35% pour les alternateurs usuels).
La première usine, au Cap (Afrique du Sud) sort de ses lignes des radios (photo) qui se remontent à la manivelle, et qui servent à relier entre eux des villages sans moyen de communication, à transmettre des informations d’urgence, et surtout qui sont utilisés comme moyen d’éducation.
Pour utiliser ces radios, des gouvernements africains ont enregistré avec l’UNICEF des programmes scolaires et sanitaires, qui sont diffusés à des horaires donnés via les ondes FM sur les radios Freeplay, avec alors une portée bien plus grande.
Une fondation Freeplay fut rapidement créée en partenariat avec l’UNICEF, pour permettre de donner accès à ces produits aux populations qui ne peuvent pas les acheter.
Les clients de Freeplay sont alors des écoles, des gouvernements, et l’UNICEF.
Une nouvelle usine fut ensuite installée en Chine pour produire des lampes à manivelle qui sont commercialisées en Afrique puis en Asie, en remplacement des lampes à kérosène traditionnellement utilisées par les familles.
En 2006, M. Devin NARANG (ici en photo chez lui à New Delhi, lors de notre interview), un chef d’entreprise indien venant d’une grande famille industrielle prend la direction de Freeplay India. Sa démarche consiste alors à changer de secteur d’activité, par intérêt pour les énergies renouvelables, et à donner une dimension sociale à son travail.
En 2007, Freeplay International connaît des difficultés financières, et M. NARANG rachète alors l’intégralité de l’entreprise, pour la restructurer, et avec l’ambition d’en faire, comme il dit, ‘a billion dollar company’.
Une ligne de lampes spécifiques à l’Inde rurale est alors développée, pendant un an, en collaboration avec des ONG indiennes.
De plus, son expérience et ses réseaux lui permettent rapidement de commercialiser ces lampes dans tout le sous-continent indien.
L’usine qui produit ces lampes est également installée en Inde.
Distribution
Le tour de force de Devin NARANG est de réussir en quelques mois à être distribué dans toute l’Inde! Comment?
Mr NARANG nous explique qu’il y a en Inde la plus grande coopérative du monde, nommée IFFCO (Indian Farmer Fertilizer Cooperative), qui distribue les fertilisants nécessaires à 95% des fermiers indiens.
IFFCO jouit dans l’Inde rurale d’une image de marque exceptionnelle, et possède un réseau de distribution très efficace.
Mr NARANG créé alors une joint venture (une association d’entreprises) avec IFFCO, en lui accordant 30% des parts de Freeplay India. Du coup, IFFCO distribue les lampes dans l’Inde rurale, et Freeplay s’occupe de leur conception et de leur production.
Quel consommateur?
Dans l’Inde rurale, les lampes Freeplay sont particulièrement adaptées. Le système de charge manuelle correspond au mode de vie : les hommes ont pour habitude de se retrouver le soir après le travail des champs, et tout en parlant ils remontent les lampes. Une minute de charge d’une lampe Freeplay donne 20 min de lumière. Ils ont donc rapidement fait de les remonter pour qu’elles éclairent toute la soirée!
Deux types de lampes sont vendues aux populations rurales : une lampe qui se fixe au plafond (la verte sur la photo), et qui éclaire à 360°, et une autre, plus puissante (la jaune), qui se fixe sur le guidon d’un vélo (aucune route n’est éclairée dans ces régions), et qui permet aux paysans de s’éclairer quand ils vont dans les champs la nuit, et qui permet également d’effrayer les bêtes sauvages.
Les produits de Freeplay ne sont pas uniquement destinés aux populations pauvres. Les lampes sont particulièrement adaptées pour le camping, et rencontrent un grand succès aux États Unis.
De plus, Freeplay travaille également à des accessoires ne prenant pas de place dans un sac à main, et permettant de recharger deux fois une batterie de téléphone portable, et qui devrait bientôt arriver en Europe.
Des produits respectueux de l’environnement
La cerise sur le gâteau de Freeplay, c’est que tous les composants des produits sont entièrement recyclables, et l’énergie qu’ils permettent de produire est propre, puisque
mécanique : une fois produites et acheminées jusqu’au consommateur, les lampes Freeplay ne rejettent donc aucun CO2 dans l’atmosphère.
mécanique : une fois produites et acheminées jusqu’au consommateur, les lampes Freeplay ne rejettent donc aucun CO2 dans l’atmosphère.
Impact
Les lampes sont commercialisées 700 Roupies Indiennes, soit environ 11€, ce qui correspond à 10 mois de dépenses en kérosène pour alimenter les lampes traditionnelles. Elles sont également garanties deux ans, et on peut donc dire que le consommateur est clairement gagnant.
De plus, elles sont conçues pour être incassables, comme vous pourrez le voir dans le reportage : Mr NARANG a jeté devant nous la lampe plusieurs fois par terre sans qu’elle ne s’arrête de fonctionner.
Pour ce qui est de la rentabilité, Freeplay atteint son point mort (seuil de rentabilité) à partir de 30.000 lampes vendues. Autant dire qu’en distribuant ses lampes à travers toute l’Inde et au delà, Freeplay est aujourd’hui une entreprise très rentable! (Mr NARANG ne nous donnera pas plus d’indications financières).
Enseignements
Le principal facteur de succès de Freeplay est son partenariat avec un acteur local particulièrement bien implanté : IFFCO.
Le succès des lampes provient essentiellement du fait qu’elles sont le fruit d’une année de tests terrain, et qu’elles correspondent alors parfaitement aux besoins des consommateurs. Mr NARANG nous explique d’ailleurs que sans les ONG, Freeplay n’aurait jamais pu atteindre les populations rurales.
Il confesse que même en étant indien, sa connaissance des besoins de la population de son pays est incomplète, et que sans son réseau d’acteurs locaux, il n’aurait jamais pu vendre ce type de produits.
Interview du PDG de Freeplay, Devin Narang
Sources
Interview de Devin NARANG, par Latitude Responsable,
à New Delhi, Inde, le 25 octobre 2008.
à New Delhi, Inde, le 25 octobre 2008.
En
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