Acumen est un fond d’investissement à but non lucratif, qui investit dans des entreprises créant des produits ou services dans les domaines de la santé, l’agriculture, l’énergie, l’accès à l’eau et au logement, destinés aux 4 milliards d’habitants qui vivent avec mois de 4 dollars par jour.
Constat
Les populations pauvres ont besoin de dignité et non de dépendance. La charité répond souvent à un besoin immédiat, par une aide d’urgence, mais trop souvent elle crée une situation de dépendance et n’aide pas les populations à résoudre leurs problèmes structurels.
Pour changer la vie des personnes pauvres, il faut d’abord que le regard qu’on leur porte change, pour les considérer comme des partenaires, des clients, des fournisseurs – des décideurs.
Acumen
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Jaqueline Novogratz |
Acumen a été créé en 2001 par Jacqueline Novogratz avec une dotation de départ obtenue de la Rockfeller Fundation. Sa fondatrice avait auparavant travaillé à la Chase Manhattan Bank, et créé une institution de microfinance au Rwanda.
Son objectif est de jeter un pont entre le monde de la philanthropie et celui du ‘hard business’, en mettant les techniques de gestion les plus pointues au services d’investissements dans des entreprises à objectifs sociauxdans les pays en développement.
Les investisseurs
Acumen lève des fonds auprès de particuliers et philanthropes (1/3), auprès de gouvernements (1/3) et de fondations (1/3).
Quelque soit l’investisseur, ce dernier cherche à ce que son argent ait le plus d’impact possible. Les investisseurs sont très soucieux de l’efficacité de l’argent qu’ils donnent, et donc de la stratégie d’investissement d’Acumen. Ils évaluent ce que l’on peut appeler le ‘social return on investment’ (SROI).
Les crédits d’impôts que les donateurs obtiennent sont un levier puissant pour récolter des fonds.
Ces fonds sont confiés à Acumen pour être investis :
-Dans des associations qui ont un potentiel de rentabilité à moyen ou long terme.
-Dans des entreprises qui développent des produits ou des services efficaces, mais qui n’arrivent pas à lever d’argent auprès des banques en raison du caractère risqué de leur idée. Demander un prêt à un banquier pour développer un système d’irrigation à destination de fermiers pauvres qui habitent au bout du monde peut s’avérer effectivement être un exercice d’équilibriste difficile…
– Dans des entreprises qui font déjà partie du portefeuille d’Acumen, et qui ont besoin de plus de capitaux pour se développer.
Les investissements
Evaluation
Acumen évalue le potentiel d’une entreprise en fonction de:
– sa capacité à avoir un impact social réel : l’entreprise doit avoir un produit ou un service venant réellement en aide aux plus pauvres.
– sa capacité à être rentable : Acumen les stratégies de ventes, de marketing, de distribution afin de voir si l’entreprise se donne les moyens de répondre à sont double objectif financier et social. L’objectif étant quelle devienne indépendante et autonome à moyen ou long terme.
– sa capacité à être duplicable : L’entreprise va t’elle croître ? Peut-elle atteindre dix fois sa taille actuelle ? Est-ce qu’un jour elle pourra impacter la vie d’un million de personnes (condition impérative pour qu’Acumen investisse dans le projet)?
– sa « capacité managériale » : les compétences et la volonté des managers doivent être en adéquation avec les objectifs qu’ils souhaitent atteindre.
Quand Acumen décide d’investir dans un social business, l’équipe adopte en premier lieu l’approche traditionnelle d’un fond d’investissement en se mettant dans la peau de capitaux risqueurs.
Quelle est l’idée? Le produit ou service ? Quel est le business model ? Sur quel type de marché l’entreprise va t’elle opérer? Qui sont les clients ? Quel est le potentiel ? Combien coûte le produit ou le service ? Comment la structure gagne t’elle de l’argent ? Pourquoi est-ce mieux que la concurrence ? Qui dirige l’entreprise ? etc.
Grace a leur méthodologie appelée BACO, Best Available Charitable Offer, l’équipe d’Acumen compare un projet avec la meilleure option déjà proposée sur le marché.
Par exemple, si dans un pays donné, la meilleure solution pour combattre le paludisme est l’achat d’une moustiquaire à 10€, alors si le projet considéré par Acumen permet de vendre des moustiquaires à 2€, l’investissement sera 5 fois plus efficace que la meilleure option disponible.
En considérant le coût global de la fabrication de la moustiquaire jusqu’à la distribution chez le client final, Acumen peut alors estimer le nombre de personnes qui pourront être touchées avec un investissement donné.
Cela permet également de démontrer aux philanthropes que leur investissement dans ce projet a plus d’impact que n’importe quel autre projet.
Même si il y a des incertitudes et que cette méthodologie a ses limites, elle permet de se poser les vraies questions, de mesurer les coûts, l’impact et la viabilité du projet et permet de se rapprocher de la réalité.
Grâce à ces mesures, Acumen peut définir où et comment ses investissements pourront avoir le plus grand impact social.
Aussi, afin de prendre les meilleures décisions d’investissement, Acumen fait appel à des institutions capables de mener en profondeur des études socio-économiques en lien avec les entreprises financées ou susceptibles de l’être.
Type d’investissements
Acumen investit aussi bien sous forme de prêts que de participation dans les entreprises.
Les montants prêtés varient de $300.000 à $2.500.000.
Le retour sur investissement visé est de l’ordre de 7% sur une période de 7 à 10 ans, ce qui correspond à la notion de ‘patien capitalism’ développée entre autres par la PDG d’Acumen Jaqueline Novogratz dans son livre ‘The blue sweater’ (disponible pour le moment uniquement en anglais).
Le SAI, service après investissement d’Acumen Fund:
Acumen fund en tant qu’administrateur fournit :
– son expertise en gestion, réduction des coûts et efficacité du capital,
– des outils de reporting permettant de faire un état des lieux quantifiable tous les 3 mois de l’entreprise, grâce à un rapport simple, compréhensible, utile qui ne coute quasiment rien et passe en revue les aspects financiers, opérationnels et sociaux.
– des volontaires qui viennent apporter de l’aide terrain. En juillet 2009, acumen bénéficiait de l’appui de plus de 500 volontaires.
– Un réseau international d’investisseurs, de projets, etc.
Exemple d’investissements :
WHI, Water health international, apporte de l’eau potable à des villages reculés d’Inde.
Investissement : Acumen a investi 400 000 euros en 2004.
Impact : plus d’un millions d’indiens ont accès à une potable moyennant 4 centimes d’euros par famille tous les deux jours.
A to Z textile Mills fabrique en Tanzanie des moustiquaires à 4€ traitées contre les moustiques avec une durée de vie de 5 ans, contrairement à 6 mois pour un produit concurrentiel.
Investissement : Acumen a investi 250 000 euros en 2002 et 500 000 euros en 2005.
Impact : l’entreprise a permis de protéger des millions d’africains contre le paludisme tout en créant 7000 emplois en Tanzanie. Aujourd’hui, A to Z textile est le troisième plus gros employeur de Tanzanie et sa production a atteint les 15 millions de moustiquaires par an.
Plus d’exemples sur : www.acumenfund.org/investments/portfolios.html
Réalisations :
Acumen Fund avec 40 millions de dollars investis dans 28 projets en Inde, au Pakistan et en Afrique de l’Ouest a permis à des millions de pauvres d’avoir accès à des produits de première nécessité : de l’eau potable à la moustiquaire, des premiers soins de santé à des systèmes d’irrigation des cultures,…tout en générant des milliers d’emplois pour les plus démunis.
En 2012, Acumen Fund par l’intermédiaire de ses investissements viendra en aide près de 50 millions d’individus.
Conclusion
Acumen est le type de fonds d’investissement qui permettent de lutter contre la pauvreté en améliorant considérablement l’efficacité de l’argent provenant de donations (puisqu’il revient à Acumen pour pouvoir donc par la suite être réinvesti).
Les projets soutenus sont des entreprises, et l’accompagnement d’Acumen permet de les développer, et ainsi d’avoir un impact social décuplé tout en générant des emplois salariés.
Sources
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Rob Katz |
Entretien avec Robert Katz, Gérant de portefeuille chez Acumen, à New York en juillet 2009.
Site institutionnel d’Acument Fund
The Economist